Saturday, 12 August 2017

La boîte à photos

À Rome, finalement. Rapidement. Après un long voyage, après une heure de retard et un avion trop bruyant pour pouvoir même réfléchir. Ce pays est pour moi la redécouverte du ciel bleu, des bruits des oiseaux déjà réveillés au petit matin, de l'envie d'écrire, de l'envie de prendre des photos. Je redécouvre la maison de mes parents (qui fut la maison de mes grandparents), trop grande, trop ensoleillé malgré les beaux marbres sombres, très à la mode pendant les années 60. Parfois, quand je suis ici, c'est l'idée d'être parti sans avoir rangé, sans avoir tout avoué, avec trop de choses pas dites, qui domine mes pensées.
J'ai oublié des pellicules dans des anciens appareils argentiques (oui, j'en ai beaucoup). Elles sont périmées.  Quelle histoire de nous elles racontent ? Les photos développées dans la petite boîte marron parlent de balades romaines et de fêtes d'anniversaire. A. à 23, le 3 décembre, avec Gionata et moi. Un rare souvenir de ma jeunesse. C'est ma faute : je fuis les photos. La vie n'a pas été toujours généreuse avec A. Elle a été forte, elle vit loin maintenant. La crise économique et sociale de l'Italie a dévoré nos espoirs, notre soif d'avenir, notre confiance dans la justice. Enfants bien éduqués et malheureux d'un pays qui meurt.
F. m'attend à la gare aujourd'hui. Elle part pour les vacances. Je l'embrasserai rapidement, en essayant de ne pas remarquer les larmes aux yeux qu'elle a toujours quand elle me voit. Je me rappelle du premier jour où je l'ai vue, pendant un cours d'anatomie, il y a 11 ans. J'ai été amoureux d'elle depuis le début. Une chose de plus que je n'ai jamais avouée.